La production et la distribution d’eau potable constituent un enjeu majeur en termes de santé publique (alimentation, hygiène…) mais également une problématique environnementale puisque cette eau est extraite des ressources naturelles en eau de surface et en eau souterraine avant d’être rejetée dans le milieu après usage (avec ou sans traitement).
Les prélèvements évoluent assez peu
En 2020, selon les données du Service public de Wallonie, le volume total d’eau prélevé en Wallonie à des fins de distribution publique s’élevait à 376,7 millions de m³. Entre 1990 et 2020, les volumes prélevés ont diminué d’environ 894 000 m3 par an en moyenne, soit une baisse de 6,6 % sur la période. La répartition des volumes prélevés en eaux de surface et en eaux souterraines variait selon les années. En moyenne sur cette période, environ 80 % des volumes provenaient des eaux souterraines, celles-ci étant en général de meilleure qualité et potabilisables à moindre coût. En 2020, 289,9 millions de m³ ont été prélevés en eaux souterraines (77,0 % des volumes prélevés) et 86,8 millions de m³ ont été prélevés en eaux de surface (23,0 %).
En 2020, les principaux sites de production[1] d’eau de distribution à partir des eaux souterraines (volumes d’eau prélevés/an supérieurs à 10 millions de m3) étaient ceux de Modave (20,1 millions de m3), des galeries de Hesbaye (15,0 millions de m3) et des galeries du Néblon à Ouffet (10,7 millions de m3). Ceux-ci comptaient pour 16 % de la production d'eau de distribution à partir des eaux souterraines, le solde provenant de 80 sites de production avec une capacité de moins de 10 millions de m³/an. Concernant la production d’eau de distribution à partir des eaux de surface, la Wallonie compte 5 sites de production : la Meuse à Tailfer (46,3 millions de m3 prélevés en 2020), la Vesdre à Eupen (17,0 millions de m3), la Gileppe à Baelen (13,9 millions de m3), l’Ourthe à Nisramont (6,7 millions de m3) et le Ry de Rome à Couvin (1,7 millions de m3). Lorsque le niveau des nappes souterraines n’est plus satisfaisant, comme c’est parfois le cas en période de sécheresse, les producteurs d’eau sont amenés à effectuer davantage de pompages en eaux de surface.
Les eaux wallonnes alimentent aussi Bruxelles et la Flandre
La production d’eau de distribution en Wallonie relève majoritairement de prélèvements effectués sur le territoire wallon et dans une moindre mesure d’importations, pour des questions de facilité d’approvisionnement. En 2020, selon les données d’AQUAWAL, le volume total des prélèvements et des importations s’élevait à 382,7 millions de m3. Il se répartissait comme suit : 61,9 % (236,9 millions de m3) étaient prélevés par des producteurs wallons[2], 34,2 % (131,1 millions de m3) par un producteur bruxellois (VIVAQUA) et 2,7 % (10,1 millions de m3) par un producteur flamand (FARYS). Le solde, soit 1,2 % (4,6 millions de m3), était importé des régions et pays voisins[3].
En ce qui concerne la destination des volumes d’eau prélevés et importés en Wallonie, 63,2 % (241,8 millions de m³) étaient utilisés pour la distribution d’eau potable en Wallonie q et se répartissaient comme suit :
- 41,7 % des volumes (159,7 millions de m3) étaient enregistrés pour la consommation d’eau des usagés ;
- 21,5 % des volumes (82,1 millions de m3) correspondaient à des volumes non enregistrés (non facturés), c'est-à-dire des volumes non comptabilisés par les compteurs d’eau (dysfonctionnement), des volumes utilisés par les services incendies et la protection civile ou par les producteurs d’eau pour nettoyer leurs installations, et des volumes perdus via des fuites dans le réseau. En 2020, à l’exception des volumes utilisés par les producteurs d’eau pour nettoyer leurs installations, il n’était toujours pas possible de chiffrer les volumes correspondant à ces différents postes.
Le solde était exporté vers les régions flamande (19,4 % des volumes, soit 74,3 millions de m³) et bruxelloise (17,4 %, soit 66,6 millions de m³) ainsi que vers l'étranger (0,01 %, soit 0,05 millions de m³).
Destination des volumes d'eau de distribution produits* en Wallonie (2020)
* À partir des volumes prélevés et importés
** Les volumes non enregistrés (non facturés) sont les volumes non comptabilisés par les compteurs d’eau (dysfonctionnement), les volumes utilisés par les services incendies et la protection civile ou par les producteurs d'eau pour nettoyer leurs installations, et les volumes perdus via des fuites dans le réseau.
* À partir des volumes prélevés et importés
** Les volumes non enregistrés (non facturés) sont les volumes non comptabilisés par les compteurs d’eau (dysfonctionnement), les volumes utilisés par les services incendies et la protection civile ou par les producteurs d'eau pour nettoyer leurs installations, et les volumes perdus via des fuites dans le réseau.
Stabilité de l'état du réseau d’eau potable
L’évaluation de l’état général du réseau wallon de production et de distribution d’eau potable peut être réalisée de différentes manières. Le calcul de l’indice linéaire de perte en est une. Cet indice est le rapport entre les volumes produits non enregistrés (non facturés) et la longueur des conduites de production et de distribution d’eau (hors raccordement). Il fournit une indication du volume perdu sur un kilomètre de conduite en une journée. Plus cet indice est faible, meilleur est l’état du réseau. Les pertes correspondent aux volumes non enregistrés précités hors lavage[4]. En 2020, l’indice linéaire de perte wallon était estimé à 4,8 m³/(km.j)[5], contre 10,8 m³/(km.j) à Bruxelles[6] et 3,4 m³/(km.j) en Flandre[7]. Depuis 2005, cet indice est relativement stable. Des investissements sont réalisés par le secteur des producteurs et distributeurs d’eau pour renouveler les conduites et les raccordements en Wallonie. Entre 2016 et 2020, ils se chiffraient à 119 millions d’euros/an en moyenne[8].
Indice linéaire de perte* relatif au réseau de distribution wallon
* L'indice linéaire de perte est le rapport entre les volumes prélevés non enregistrés (non facturés) (hors volumes utilisés par les producteurs d'eau pour nettoyer leurs installations) et la longueur des conduites de production et de distribution d’eau (hors raccordement). Il fournit une indication du volume perdu sur un kilomètre de conduite en une journée.
* L'indice linéaire de perte est le rapport entre les volumes prélevés non enregistrés (non facturés) (hors volumes utilisés par les producteurs d'eau pour nettoyer leurs installations) et la longueur des conduites de production et de distribution d’eau (hors raccordement). Il fournit une indication du volume perdu sur un kilomètre de conduite en une journée.
Sécuriser l’approvisionnement en eau
En 2009, la Wallonie entamait l’élaboration du "Schéma régional des ressources en eau", un outil de planification et de réglementation de l’exploitation des ressources en eau, destiné notamment à sécuriser l’approvisionnement en eau du territoire wallon q. Celui-ci a permis d’estimer les besoins wallons actuels et futurs et d’évaluer l’étendue des ressources disponibles. Il prévoit notamment la mise en œuvre de synergies entre les opérateurs et une plus grande utilisation des barrages dans l’alimentation en eau.
Les réserves d’eau wallonnes sont largement suffisantes pour subvenir aux besoins de la population. En 2019, le taux d'exploitation en eau de la Wallonie (water exploitation index(e)), c'est-à-dire le rapport entre les volumes prélevés et les ressources en eau, s’élevait à 4,2 % (4,9 % en moyenne sur la période 2000 - 2019), soit une valeur inférieure au seuil européen de stress hydrique fixé à 20 %(f). Cependant, les épisodes de sécheresse se multiplient et ont des conséquences sur les utilisations de l'eau. L’augmentation attendue de la fréquence des sécheresses et des épisodes caniculaires apparaît comme un enjeu à l'avenir pour l’alimentation en eau potable. Ceci a poussé la Wallonie à adapter en 2020 son Schéma régional des ressources en eau.
[1] Un site de production peut regrouper plusieurs sites de captage.
[2] Au nombre de 49 au 31/12/2020
[3] Importations de Flandre (De Watergroep et FARYS) pour 3,6 millions de m3 et de l'étranger (France et Allemagne) pour 1,0 millions de m3
[4] Volumes d'eau utilisés par les producteurs d'eau pour nettoyer leurs installations
[5] D’après AQUAWAL
[6] Calculé à partir de VIVAQUA (2021)(a)
[7] Calculé à partir de VMM (2021a(b) et 2021b(c))
[8] Ce montant comprend également les investissements réalisés en matière de production d’eau(d).
Évaluation
Etat favorable et tendance à l'amélioration
- Référentiel : seuil de stress hydrique (WEI+)(e) (< 20 % = pas de stress hydrique)(f). À noter que ce seuil s'applique au taux d'exploitation en eau tous prélèvements confondus (y compris les prélèvements non destinés à la production d’eau de distribution)
- En 2019, les prélèvements à des fins de distribution publique n’impactaient pas les ressources disponibles compte tenu du taux d’exploitation en eau de la Wallonie tous prélèvements confondus (4,2 % en 2019, 4,9 % en moyenne sur la période 2000 - 2019).
Les volumes prélevés pour la distribution publique ont diminué au rythme d’environ 894 000 m³/an en moyenne entre 1990 et 2020.